« (…) C'est en écrivant d'Amour à perte d'âme, en vocabulant sur mille tons d'Amour, qu'ils s'estiment sauvés... Mais voici précisément, canailles ! le mot d'infamie ! le rance des étables, le vocable le plus lourd d'abjection qu'il soit !... l'immondice maléfique ! le mot le plus puant, obscène, glaireux, du dictionnaire ! avec « cœur ! ». Je l'oubliais cet autre renvoi visqueux ! La marque d'une bassesse intime, d'une impudeur, d'une insensibilité de vache vautrée, irrévocable, pour litières artistico-merdeuses extraordinairement infamantes... Chaque lettre de chacun de ces mots suaves pèse sa bonne demie-tonne de chiasse exquise... Tous les jurys Feminas s'en dégustent, ne respirent que par ces étrons, à longueur de pâmoison, s'en ravissent intimement, festoyeusement « tout à la merde », s'en affriolent en sonnets, pellicules, conférences, mille tartines et téléphones et doux billets... (...) »
Louis-Ferdinand Céline, Bagatelles pour un massacre (1937).
Et certains osent prétendre que ses pamphlets, puisqu'ils sont antisémites, ont moins de style que ses romans.
RépondreSupprimerSon écriture est toujours exquise.
RépondreSupprimerC'est pas possible de l'affirmer publiquement, mais je trouve que le sommet de sa littérature se trouve dans ses pamphlets. Jamais le verbe français ne trouve ailleurs un souffle aussi vigoureux. Des analyses portées avec la grâce d'un style fuyant vers je ne sais quel monde et percutant le notre de monde avec des cornes de bouc. Le tout trempé dans du vitriol et émergeant jusqu'à l'éther.
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