« (...) Notre monde est le premier à avoir inventé des instruments de persécution ou de destruction sonores assez puissants pour qu'il ne soit même plus nécessaire d'aller physiquement fracasser les vitres ou les portes des maisons dans lesquelles se terrent ceux qui cherchent à s'exclure de lui, et sont donc ses ennemis. A ce propos, je dois avouer mon étonnement de n'avoir nulle part songé, en 1991, à outrager comme il se devait le plus galonné des festivocrates, je veux parler de Jack Lang ; lequel ne se contente plus d'avoir autrefois imposé ce viol protégé et moralisé qu'on appelle Fête de la Musique, mais entend s'illustrer encore par de nouveaux forfaits, à commencer par la greffe dans Paris de la Love Parade de Berlin. Je suis véritablement chagriné de n'avoir pas alors fait la moindre allusion à ce dindon suréminent de la farce festive, cette ganache dissertante pour Corso fleuri, ce Jocrisse du potlatch, cette combinaison parfaite et tartuffière de l'escroquerie du Bien et des méfaits de la Fête. L'oubli est réparé. (...) »
Extrait de la préface à la réédition de L'empire du Bien (1991) de Philippe Muray publiée en 1998 aux éditions Les Belles Lettres (réédité l'an dernier dans le gros volume Essais, réunissant de nombreux ouvrages de l'auteur).
Merci pour cet extrait !
RépondreSupprimerJ'ai feuilleté les essais de Muray, séduite par la prose et les propos de ce dernier, mais je n'ai pas encore franchi le cap de les acheter, un peu effrayée par la quantité !
Voici de quoi me pousser à dépasser mes dernières peurs ?
C'est vrai qu'il y a à lire. J'ai pris dernièrement le volume Essais sorti l'an dernier. Il réunit une bonne partie de ses écrits.
RépondreSupprimerSes romans sont réputés plus faibles, mais ça n'aide pas tellement à écrémer, il n'en a pas publié beaucoup, contrairement au reste.
"L'empire du bien" (contenu dans le volume) est un texte court, ça peut être un bon début, peut-être ?