24 septembre 2010

Premières lignes : Un privé à Babylone de RICHARD BRAUTIGAN


« Le 2 janvier 1942 m'a apporté de bonnes nouvelles et de mauvaises nouvelles.
D'abord les bonnes nouvelles : j'ai appris que j'étais réformé comme caractériel et que je n'allais pas partir à la Seconde Guerre mondiale jouer le petit soldat. Je n'avais pas du tout le sentiment de manquer de patriotisme parce que j'avais fait ma Seconde Guerre mondiale à moi cinq ans plus tôt en Espagne et que j'avais deux trous de balle dans le cul pour le prouver.
Je ne comprendrai jamais pourquoi je me suis fait tirer dans le cul. De toute façon, ça ne fait pas une histoire de guerre formidable. Les gens ne vous considèrent pas comme un héros quand vous leur racontez que vous vous êtes fait tirer dans le cul. Ils ne vous prennent pas au sérieux ; enfin, moi, je ne m'en faisais plus pour ça. La guerre qui commençait pour le restant de l'Amérique était terminée pour moi. (...) » 

Richard Brautigan, Un privé à Babylone (1977) ; traduction de Marc Chénetier.

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