23 septembre 2010

Premières lignes : Biribi de GEORGES DARIEN


« ALEA JACTA EST !... Je viens de passer le Rubicon...
Le Rubicon, c'est le ruisseau de la rue Saint-Dominique, en face du bureau de recrutement. Je rejoins mon père qui m'attend sur le trottoir.
- Eh bien ! ça y est ?
- Oui, p'pa.
Je dis : Oui p'pa, d'un ton mal assuré, un peu honteux, presque pleurnichard, comme si j'avais encore huit ans, comme si mon père me demandait si j'ai terminé un pensum que je n'ai pas commencé, si j'ai ressenti les effets d'une purge que je n'ai pas voulu prendre.
Pourtant, je n'ai plus huit ans : j'en ai presque dix-neuf, je ne suis plus un enfant, je suis un homme - et un homme bien conformé. C'est la loi qui l'assure, qui vient de me l'affirmer par l'organe d'un médecin militaire dont les lunettes bleues ont le privilège d'inspecter tous les jours deux ou trois cents corps d'hommes tout nus.
- Marche bien, c't homme là !... Bon pour le service !... (...) »

Georges Darien, Biribi (1890).

1 commentaire:

  1. ANCIENS COMMENTAIRES (OVERBLOG)
    +++++++++++++++++++++++++++++++

    C'est bien Georges Darien ? ça m'a l'air bien "tranchant" comme j'aime !? non ?

    Commentaire n°1 posté par Zorglub le 24/09/2010 à 10h36

    +++++++++++++++++++++++++++++++

    Je pense effectivement que tu aimeras. Je suis en train de finir ce roman très autobiographique, je le trouve d'une modernité de ton étonnante (il a quand même 120 ans). Tranchant, oui, ça l'est assez, avec une remise en question de pas mal de valeurs.

    Réponse de Hank le 24/09/2010 à 11h08

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