Les goûts évoluent, parfois assez rapidement, ou plutôt se recentrent, vont à l'essentiel, celui qui nous correspond tout à fait. Il y a quelques années, j'avais dit beaucoup de bien de La femme riche, œuvre de fiction de Patrick Besson, dont je vantais par ailleurs les chroniques "Plateau télé" qu'il tenait chaque semaine dans le Figaro Magazine. Aujourd'hui, je ne serais plus très sûr de trouver autant mon compte dans ce roman, et ses chroniques (qui viennent d'être publiées dans un livre du même nom) ont fini par me lasser. Besson aussi sans doute, il y a mis un terme. Pour autant, je n'ai pas totalement rejeté ses écrits, j'y ai simplement fait le tri. Ce qui m'intéresse chez lui comme chez bon nombre d'écrivains, ce sont ses œuvres d'inspiration autobiographique (ou qui semblent l'être). Lettre à un ami perdu, comme Un état d'esprit dont je parlerai plus tard, en est une.
Patrick Besson nous replonge dans le Paris des années 80, à l'époque de ses vingt ans. Il se glisse dans la peau de Didier, le narrateur, pour retracer la brève histoire de Gladys, Marc et lui. C'est la chronique d'une histoire d'amour destructrice entre son ami Marc et Gladys, une jeune femme aussi belle que paumée. Perdus, ils le sont un peu tous, le regard de Besson est en tout cas désabusé. La vie qu'il décrit n'a pas de sens, elle est faite de petites ambitions sans intérêt, de temps passé à le perdre, de relations bâclées, d'illusions et d'aveuglement. Sa vision des choses ressemble étrangement à la réalité, c'est probablement la raison pour laquelle j'y souscris.
Il reste toutefois un bémol, que je n'attribue pas spécialement à ce roman, mais à toutes les œuvres de cette génération d'écrivains. Qu'ils soient français ou américains, qu'ils se nomment Besson ou Ellis, il y a dans cette littérature quelque chose qui me pose problème. D'un côté, elle apporte une vision contemporaine de la vie et de ce que nous devenons en tant qu'individus, elle est le reflet nécessaire d'une époque, mais elle en porte donc les stigmates, les lourdeurs, les faussetés, elle cherche à séduire, à se vendre, en usant des codes de son époque. De nos jours, c'est un cynisme de façade. Ça paie, les lecteurs achètent, s'identifient, adulent, paradent. Mais où est le vrai dans tout ça ? Alors peut-être n'est-ce pas du tout un phénomène nouveau, peut-être qu'avec des armes différentes, qu'on peine aujourd'hui à repérer, les écrivains d'hier en faisaient tout autant. Je n'en sais rien, et je n'ai de toute façon pas l'expérience nécessaire pour en juger.
ANCIENS COMMENTAIRES (OVERBLOG)
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A pas confondre avec Philippe Besson : "Céline, un style de chauffeur de taxi"
http://www.france5.fr/la-grande-librairie/index.php?page=article&numsite=1403&id_rubrique=1418&id_article=8270 à la 14ieme minute
Commentaire n°1 posté par Zorglub le 27/09/2010 à 14h21
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Non, ne pas confondre. C'est vrai qu'en général je le rappelle quand je parle de Patrick, surtout depuis que j'avais vu Philippe le plumitif béni-oui-oui dans cette émission.
Enfin, chacun son truc, je trouve qu'il y a souvent plus de vérités à tirer de la bouche d'un chauffeur de taxi plutôt que des lèvres hésitantes d'un coiffeur pour dames.
Réponse de Hank le 27/09/2010 à 18h39