« (...) Un homme devrait partir bosser à 7 heures du matin et ne devrait rentrer qu'à 7 heures du soir, épuisé. Aller à l'église le dimanche. Se taper une petite branlette dans la salle de bains. Et pas de rapports sexuels avec une femme avant le mariage ! Ce pays n'a pas d'âme : pas étonnant qu'au Vietnam ils soient incapables de flanquer une correction à une poignée de nains crevards, d'hommes, de femmes et d'enfants ! Et ce n'est pas l'aide des Russes ou des Chinois qui les a arrêtés. C'est la foutue imbécilité des garçons américains dodus qui ont vécu comme des idiots, des enfants bien nourris qui ont été élevés sans conscience, et cela depuis le berceau ! Pas étonnant qu'ils torturent l'ennemi, parce qu'au plus profond d'eux-mêmes, quelque part, ils savent qu'ils sont perdus, et infliger des atrocités à un peuple vivant et bien réel est leur seule façon de retrouver leur enfance, comme déchiqueter des fleurs, brûler des papillons, baiser et haïr tout ce qu'ils ont sous les yeux. Je n'ai jamais entendu parler d'une guerre pareille. A coup sûr nous sommes entrés dans une époque plus sombre encore que celle du haut Moyen Age ???? (...) »
Extrait d'une lettre de Charles Bukowski, adressée à son ami et traducteur allemand Carl Weissner en novembre 1966. Correspondance 1958-1994, éditions Grasset (2005). Traduction française de Marc Hortemel.
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