Que ce soit 10/18 ou Folio, les éditeurs n'y vont pas de main morte s'agissant des ouvrages de William Burroughs. Tous ont droit à la demi-jaquette publicitaire (dont le nom m'échappe) tape à l’œil : "CULTE!". Rien que ça. Il faut dire que les auteurs de la "Beat Generation" ont toujours le vent en poupe de nos jours, alors forcément, s'agissant d'un de ses auteurs majeurs, l'argument de vente s'impose...
Sauf que, me concernant et pour ce que j'en connais, la "Beat Generation" - ce mouvement littéraire d'après guerre épris de libertés de tout ordre - ne représente pas la panacée dans la littérature américaine du XXème siècle. J'entretiens même avec ses auteurs un ambivalent sentiment mêlant curiosité et indifférence. Curiosité pour l'intérêt que ses œuvres ont suscité en leur temps et la volonté d'affranchissement que manifestaient ses auteurs vis à vis des codes imposés par la littérature classique de l'époque, et indifférence pour les moyens mis en œuvre (stylistiquement notamment) et les thèmes de prédilection de cette génération d'écrivains, notamment la musique bebop (chère à Kerouac), la frime et la drogue (chère à tout ce petit monde).
Avec un titre pareil, forcément, le premier roman de Burroughs n'était à priori pas franchement fait pour moi. Et le fait est qu'il n'y parle pour ainsi dire que de came, mais je tenais à découvrir cet auteur dit culte pour savoir de quoi il retournait, et d'autre part, il s'agit probablement du roman le plus lisible de son œuvre, Le festin nu me paraissant - de réputation - assez... difficile d'accès, dirons-nous.
Stylistiquement, Junky se veut effectivement tout ce qu'il y a de plus sobre, Burroughs raconte ses années de dépendance à la morphine puis à l'héroïne dans un style simple et dépouillé, bien éloigné de ses considérations futures. Pour appuyer ses convictions, l'auteur y va d'arguments péremptoires à tout va, et c'est à mon avis la principale faiblesse du roman. Ainsi, Burroughs martèle ses vérités, qu'on ne devient pas dépendant à la came dès les premières injections, que la cocaïne n'engendre aucune dépendance, que ceci, que cela, etc... Bref, je suis ignare en la matière, mais toutes ces vérités me semblent quand même un minimum contestables, au moins sur la portée universelle dont les enrobe Burroughs. Mais là n'est pas vraiment le sujet, ni même l'intérêt de ce roman, qui n'en est pas dépourvu.
L'aspect sociologique de ce récit en est la principale richesse, il donne un éclairage sur la politique menée dans les années d'après guerre aux États-Unis à l'encontre de la drogue et des drogués, ou du moins, sur la manière dont Burroughs l'a interprétée (ses propos sont corroborés par le point de vue de son ami Allen Ginsberg dans la préface du livre, qui cite même des références bibliographiques attestant ses propos). Politique ultra-répressive d'un gouvernement dépassé par les évènements et en proie à la panique de voir ses valeurs morales s'envoler dans un délirium tremens collectif, confiée à des services de police dont la probité semblait toute relative.
Autre singularité de ce livre, le regard méprisant de Burroughs sur la communauté homosexuelle de l'époque - ce qui peut sembler paradoxal de la part d'un écrivain lui-même homosexuel - dont il fustige le comportement social plein de préciosité, d'artifices, et de vide.
Pour conclure avec la réputation sulfureuse de Burroughs et le scandale qui accompagna la première publication de Junky, elle me semble s'être bien étiolée avec le temps. L'auteur reste notamment tout ce qu'il y a de plus sage avec le tabou américain ultime, sa sexualité est à peine évoquée, ou avec une pudeur extrême. Tout comme le meurtre (accidentel) de sa femme quelques années plus tôt, que ce roman autobiographique élude totalement. Les lecteurs en quête de scandales en seront pour leurs frais, mieux vaut les prévenir.
Sauf que, me concernant et pour ce que j'en connais, la "Beat Generation" - ce mouvement littéraire d'après guerre épris de libertés de tout ordre - ne représente pas la panacée dans la littérature américaine du XXème siècle. J'entretiens même avec ses auteurs un ambivalent sentiment mêlant curiosité et indifférence. Curiosité pour l'intérêt que ses œuvres ont suscité en leur temps et la volonté d'affranchissement que manifestaient ses auteurs vis à vis des codes imposés par la littérature classique de l'époque, et indifférence pour les moyens mis en œuvre (stylistiquement notamment) et les thèmes de prédilection de cette génération d'écrivains, notamment la musique bebop (chère à Kerouac), la frime et la drogue (chère à tout ce petit monde).
Avec un titre pareil, forcément, le premier roman de Burroughs n'était à priori pas franchement fait pour moi. Et le fait est qu'il n'y parle pour ainsi dire que de came, mais je tenais à découvrir cet auteur dit culte pour savoir de quoi il retournait, et d'autre part, il s'agit probablement du roman le plus lisible de son œuvre, Le festin nu me paraissant - de réputation - assez... difficile d'accès, dirons-nous.
Stylistiquement, Junky se veut effectivement tout ce qu'il y a de plus sobre, Burroughs raconte ses années de dépendance à la morphine puis à l'héroïne dans un style simple et dépouillé, bien éloigné de ses considérations futures. Pour appuyer ses convictions, l'auteur y va d'arguments péremptoires à tout va, et c'est à mon avis la principale faiblesse du roman. Ainsi, Burroughs martèle ses vérités, qu'on ne devient pas dépendant à la came dès les premières injections, que la cocaïne n'engendre aucune dépendance, que ceci, que cela, etc... Bref, je suis ignare en la matière, mais toutes ces vérités me semblent quand même un minimum contestables, au moins sur la portée universelle dont les enrobe Burroughs. Mais là n'est pas vraiment le sujet, ni même l'intérêt de ce roman, qui n'en est pas dépourvu.
L'aspect sociologique de ce récit en est la principale richesse, il donne un éclairage sur la politique menée dans les années d'après guerre aux États-Unis à l'encontre de la drogue et des drogués, ou du moins, sur la manière dont Burroughs l'a interprétée (ses propos sont corroborés par le point de vue de son ami Allen Ginsberg dans la préface du livre, qui cite même des références bibliographiques attestant ses propos). Politique ultra-répressive d'un gouvernement dépassé par les évènements et en proie à la panique de voir ses valeurs morales s'envoler dans un délirium tremens collectif, confiée à des services de police dont la probité semblait toute relative.
Autre singularité de ce livre, le regard méprisant de Burroughs sur la communauté homosexuelle de l'époque - ce qui peut sembler paradoxal de la part d'un écrivain lui-même homosexuel - dont il fustige le comportement social plein de préciosité, d'artifices, et de vide.
Pour conclure avec la réputation sulfureuse de Burroughs et le scandale qui accompagna la première publication de Junky, elle me semble s'être bien étiolée avec le temps. L'auteur reste notamment tout ce qu'il y a de plus sage avec le tabou américain ultime, sa sexualité est à peine évoquée, ou avec une pudeur extrême. Tout comme le meurtre (accidentel) de sa femme quelques années plus tôt, que ce roman autobiographique élude totalement. Les lecteurs en quête de scandales en seront pour leurs frais, mieux vaut les prévenir.