« (...) on ne choisit pas d'être seul : on se retrouve dans cet état peu à peu, et alors il n'y a plus d'issue. Sinon résister. Vous entrez dans cette immense plaine désertique et vous ne savez plus quoi faire, tout connement. Souvent, vous vous dites que le mieux est de vous enfuir, vers un autre pays, une autre ville, ailleurs. Mais vous n'y échappez pas pour autant. D'autres fois, vous décidez que vous vous préoccupez trop de vous-même et de votre fichue solitude, qui empire chaque fois que vous vous retrouvez dans le silence et l'isolement : bon, il est temps de passez à l'action, vous pensez, et vous sortez de votre trou, vous allez chercher un ami, ou une femme qui vous donnera un peu de sexe, ou je ne sais qui, n'importe qui pour rompre la solitude car vous n'ignorez pas qu'une fois dans cet état le rhum et l'herbe vous dépriment encore plus. Un peu de sexe, alors. Et sinon, au moins un ami. (...) »
Pedro Juan Gutiérrez, extrait de Trilogie sale de La Havane (1998), éditions 10/18.