Dans Demande à la poussière, John Fante revenait sur les débuts de sa carrière d'écrivain, lorsque, sous les traits de son alter ego Arturo Bandini, jeune adulte, il tentait de survivre à Los Angeles, tiraillé entre la réalité de son statut de zonard qui passe son temps à tirer le diable par la queue et ses excès de confiance en lui-même et son propre talent. Ce personnage fantasque, on le retrouve quelques années plus tôt, en pleine crise d'adolescence (dont il ne s'était, il est vrai, pas tellement débarrassé dans Demande à la poussière), dans Bandini. Fante nous raconte son adolescence au Colorado, l'occasion de dresser le portrait de sa petite famille de ritals déracinés, pauvres et complexés. L'auteur s'attarde en particulier sur ses parents : sa mère bigote et effacée, et son père, cavaleur et égoïste, peu concerné par le sort de sa petite famille. Fante excelle dans l'art de retranscrire son environnement avec les yeux d'un gosse de 14 ans, avec toutes les contradictions qu'on peut vivre à cet âge, mélange d'admiration et de rejet envers ses parents, besoin d'affection et incapacité à dévoiler ses sentiments à la fille de ses rêves... Il s'agit d'un récit à la troisième personne, mais plus à la manière d'une introspection désincarnée que d'un regard extérieur narrant froidement une histoire. Suivant sa recette habituelle, Fante parsème le texte d'un cocktail de drôlerie et d'émotion, toujours dans un style direct et moderne (le roman fut quand même écrit en 1938 !). Un peu moins brillant que dans Demande à la poussière toutefois, mais vraiment d'un cheveu !
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