Je le confesse, j'ai attendu la trentaine pour me plonger dans l’œuvre de Céline. Découverte tardive de l'un des écrivains français les plus mémorables du XXème siècle, mais peut-être nécessaire pour mieux l'apprécier et le comprendre. Premier avertissement, ne comptez pas sur moi pour faire le procès du Céline pamphlétaire des années 30. D'une part, je n'ai lu aucun de ses pamphlets, de l'autre, il serait sacrément présomptueux de donner des leçons post-mortem à un écrivain de cette trempe, et la manie qui consiste à rejuger les actes de nos aïeux a postériori en ne tenant jamais compte des contextes historiques, des conditions de vie et d'information d'une époque que nous n'avons pas connue, en rejugeant tout à l'aune de nos connaissances et de notre douce sérénité actuelles, bref, en se plaçant sur le piédestal de la génération qui sait tout, d'autres s'y adonnent avec suffisamment de zèle pour ne pas avoir besoin de mon renfort. Il y a de toutes façons des aspects plus intéressants à étudier dans l’œuvre de Céline, à commencer par ce roman mythique qu'est Voyage au bout de la nuit, le tout premier de l'auteur, et de l'avis de beaucoup, le plus abouti de son œuvre. Ce texte dense à la prose populaire nous transporte au gré des pérégrinations de son narrateur - Bardamu - des champs de bataille de la guerre 14/18 jusque, approximativement, aux années 30. C'est un voyage au fil du temps, mais aussi au travers des continents, Bardamu découvre tour à tour l'Afrique (où il vit l'enfer du climat et les joies du paludisme), puis l'Amérique (où il goûte aux charmes du travail à la chaine dans des usines toutes dévouées à l'abrutissement des masses), avant de revenir en France terminer des études de médecine qu'il avait interrompues pour renforcer le contingent de chair à canon de son pays, cette patrie pour laquelle il n'éprouve pas plus d'attachement que pour le genre humain. Chaque expérience est l'occasion pour Bardamu de conforter son opinion sur la laideur intérieure de ses semblables, et c'est là que la plume de Céline fait mal. On pourrait presque se passer du reste, pour ne retenir que le florilège de réflexions qui ont valeur d'uppercut dans les convictions de tout humaniste transi. Au fond, Céline ne se montrait-t-il pas plus fervent défenseur de l'humanité que tous ces beaux parleurs en affirmant avec force et obstination son antimilitarisme sans concession à une époque où tout patriote était poussé à annihiler son voisin ? "Faire confiance aux hommes, c'est déjà se faire tuer un peu" proclame Bardamu/Céline, ce qui ne l'empêche pas quelques incartades à ses propres règles, comme lorsqu'il rencontre la généreuse et douce Molly à New-York, ou bien, de retour en France, l'innocent petit Bébert dont il tente de sauver la vie avec acharnement. Ce sont là de belles exceptions à la règle, mais seulement deux minuscules perles dans une masse visqueuse et nauséabonde que Bardamu côtoie tout au long de ce périple cauchemardesque : sa vie.
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On ne peut pas prétendre s'intéresser à la littérature américaine du XXème siècle sans chercher à découvrir au moins quelques texte...
ANCIENS COMMENTAIRES (OVERBLOG)
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Ce livre nous avait été recommandé, en classe de seconde, lorsqu'avec ma prof de français, nous avions étudié des groupements de textes relatifs à la guerre. Nous avions en classe étudié "Un long dimanche de fiancailles" de Japrisot _ que tu trouveras sur mon blog) mais je ne sais pas, je n'avais pas lu celui là.
à lire ton commentaire, je n'ai finalement pas l'impression qu'il est véritablement centré sur la guerre. Ce qui, notons le, me donne davantage envie de le lire.
Commentaire n°1 posté par Messaline le 01/02/2008 à 21h28
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C'est toujours le problème des lectures scolaires, je pense que 14/15 ans, c'est beaucoup trop tot pour comprendre toutes les subtilités de ce genre de roman (enfin pour moi, ça aurait été trop tot en tout cas).
La guerre ne couvre effectivement qu'une partie du livre (le début), stricto sensu, ça ne représente en fait pas grand chose, il est assez vite blessé et éloigné des champs de bataille. Et au sens large, la période de guerre ne représente peut etre qu'un quart du bouquin.
Viens en reparler si tu te jettes à l'eau. Et surtout, ne te décourage pas trop vite face à la densité du texte, au besoin, alterne avec un autre bouquin pour respirer un peu (c'est ce que j'ai fait), je pense que c'est un bouquin qu'il ne faut surtout pas lire en diagonale, meme si certains passages peuvent sembler un peu plus longs que d'autres.
Commentaire n°2 posté par Hank le 02/02/2008 à 11h50
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Je pense que j'essaierai.
Je viendrai bien sur t'en parler quand je me jetterai à l'eau, comme tu dis.
mais il est clair qu'à cet age, certaines lectures sont Quasi-impossibles ... L'éducation nationale veut pousser à ce genre de lecture pourquoi ? pour etre sur que c'est fait . Mieux vaut donner envie avec des bouquins accessibles, et laisser l'individu lire à son rythme, selon ses besoin et son envie ...
Commentaire n°3 posté par Messaline le 03/02/2008 à 00h48
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"L'éducation nationale veut pousser à ce genre de lecture pourquoi ? pour etre sur que c'est fait ."
Fait mais mal fait, donc inutile, sauf à dégouter les ados de la lecture. Ca a bien failli marcher avec moi, les lectures obligatoires m'ennuyaient tellement que je me contentais de les survoler. Je pense que le simple fait que ce soit obligatoire annihile tout le plaisir qu'on peut rencontrer au cours d'une lecture spontanée.
"Mieux vaut donner envie avec des bouquins accessibles, et laisser l'individu lire à son rythme, selon ses besoin et son envie ... "
je pense aussi que les enseignants devraient plus inciter qu'obliger. Essayer d'intéresser les élèves à certains auteurs, jauger leur intéret, avant de leur proposer un livre à étudier.
Commentaire n°4 posté par Hank le 03/02/2008 à 13h59
ANCIENS COMMENTAIRES (suite)
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Moi aussi je l'ai decouvert vers la trentaine mais je pense que 30/40 c'est le bon âge pour apprécier Céline. Je ne suis pas sûr quà 17 ans j'aurais aimé (trop fort ceux qui l'ont lu à 17 ans!) . Mais j'aurais aimé le découvrir à l'école et pas en attendre vaguement parler au bac francais (comme plein d'autres ecrivains d'ailleurs).
Commentaire n°5 posté par Zorglub le 13/02/2008 à 08h53
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J'ai été obligé de le lire en classe de 1ère, et j'avoue que je suis complétement passé à côté.
Commentaire n°6 posté par Minh le 27/03/2008 à 17h09
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Bonjour !!!
Je viens vers vous car j'ai besoin d'aide,
je dois expliquer un passage de voyage au bout de la nuit de céline, qui commence de "justement la guerre approchait de nous deux" à "ça s'est fait exactement ainsi."
pouvez-vous me dire ce que ce passage raconte car franchement j'ai rien compris(dsl).
Commentaire n°7 posté par quentin le 03/06/2009 à 18h56
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Zorglub, tu dis que l'idéal est de le lire à la trentaine ... je vais donc pouvoir (malheureusement :)) m'y mettre ...
En tous cas, je suis d'accord avec toi, il y a des livres qu'on ne peut pas lire à 17 ans ...
Commentaire n°8 posté par Dolce_Vita le 18/06/2009 à 22h42
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@ Messaline / DV : ça sent l'anniversaire ça, non ? Donc, probablement en retard, joyeux anniv :)
@ Quentin : il faudrait plus de précisions, à quelles pages se situe ce passage ?
Commentaire n°9 posté par Hank le 20/06/2009 à 10h24
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Non, non, pas d'anniversaire vraiment proche ... c'est en janvier (le 20 pour être plus précise) et alors je passerai la barre des 30 ... :/
Je recevrai peut-être ce livre pour l'occasion ! :D
Commentaire n°10 posté par Dolce_Vita le 20/06/2009 à 15h24
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J'ai lu le Voyage a 19 ans et j'ai eu une revelation. Faut dire aussi que je venais de faire le service, donc tous les passages sur la betise des militaires m'ont enchante. En un sens, cette oeuvre n'a pas d'egale dans la promotion du pacifisme. Le Voyage est meme le precurseur litteraire des theories de Rene Girard pour moi ( le processus mimetique : voir l'enrolement du debut, ou bien la scene sur le bateau ). J'ai enchaine sur "Mort a credit" dans la foulee. Mais ce qui est paradoxal, c'est que, 15 annees apres, je ne peux plus lire Celine. Ce qui me revulse maintenant, c'est qu'il extrait du reel de la violence, de la misere, de la betise, qui existent bel et bien, et qu'il ne souligne pratiquement que cela, ce qui me desespere de l'humain et renforce mon cote parano. Je prefere maintenant des oeuvres qui sauvent aussi l'humain a partir de l'ordinaire et meme du plus glauque, du plus morbide ( Fante, Miller, Thoreau, Genet par exemple ), ou bien Fellini, Pasolini, Bresson pour certains films.
Commentaire n°11 posté par FRED V le 06/04/2011 à 14h26
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pour revenir à mon message de 2009, j'ai eu 30 ans, puis 31 et on ne me l'a pas offert ... Il va falloir que je me l'offre ! :)
Commentaire n°12 posté par Messaline le 06/04/2011 à 19h04
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il semble qu'en cadeaux comme en amour, on n'est jamais mieux servi que par soi-même :p
Réponse de Hank le 13/04/2011 à 13h17
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C'est pas faux :)
Commentaire n°13 posté par Messaline le 14/04/2011 à 19h39