"Bukowski est un écrivain considérable. Un homme en marche. Un homme étincelant. Avec l'énergie du désespoir, il secoue comme un vieux sac notre civilisation fin XXème siècle. Et ce qui tombe n'est pas joli, joli. C'est brutal." Claire Gallois, Le Figaro
"Toutes les histoires de Bukowski sont aussi vraies qu'infectes et, en cela, font honneur à la littérature : il raconte ce que les autres enjolivent et dissimulent. Le sexisme, la misère du quotidien, la violence et les sentiments de ceux qui se curent le nez. Et c'est pour ça qu'il gêne : il parle à tout le monde." Jean-François Bizot
Assurément une révélation pour moi cet été, je m'attendais à quelque chose de glauque et de malsain, je trouve en fin de compte un auteur attachant et d'une franchise exceptionnelle. Certains appelleront ça de la vulgarité, mais Bukowski faisait de cette vulgarité et de sa crudité un art, l'art de parler vrai, sans ne jamais rien édulcorer, sans interdit non plus. Sa vie n'a jamais été drôle, battu par son père dans son adolescence, errant de manière quasi ininterrompue dans la misère et l'alcoolisme jusqu'à sa mort, Bukowski ne manque pourtant jamais d'humour. D'une manière parfois même hilarante, il se met en scène dans ce recueil de nouvelles dans des situations parfois très scabreuses, sans se soucier de son image, du qu'en-dira-t-on... On se dit qu'il y a certainement une grosse part de vérité dans ces tranches de vie aux relents de vômi, de sang, de sperme et de sueur. Et tout ça sans misérabilisme, sans noirceur excessive. On sort de cette lecture en enviant la liberté de ton de Bukowski, en se disant que, loin du paria que nombre de personnes ont sans doute voulu en faire, Bukowski devrait être élevé en modèle. Le "pas grand-chose", le "vieux dégueulasse" comme il se nommait lui-même - certainement sans une once de fausse modestie - a pour moi tout du génie, ni plus, ni moins...
J'ai rencontré Bukowski avec ce livre à l'âge de 14 ans. A part Lucky Luke et Astérix on peut pas dire que j'avais lu grand-chose… Mon prof de guitare m'a tendu ce bouquin et m'a balancé "lis ça". Depuis, la première nouvelle, "La plus jolie fille de la ville", je la raconte à quasiment toutes mes nanas après une partie de jambes en l'air. Une sorte de rituel. Je dois connaître l'histoire à peu près par cœur maintenant, vu le nombre que j'ai vu défiler sas réussir à les garder...
RépondreSupprimerL'ennui avec le vieux Buk, c'est qu'il vous marque au fer rouge de sincérité, et qu'on a du mal à apprécier les autres styles plus enjolivés par la suite… J'avais découvert un pote qui, quand on est dans la merde, ce tient là, honnête et franc à côté de vous, et vous parle simplement, sans vous faire la morale ni vous raconter des salades.
Le deuxième truc chiant, c'est que, en tant qu'écrivain, c'est difficile de ne pas l'avoir comme père spirituel. Lutter de toute ses force pour ne pas faire du "comme Bukowski" mais en gardant à l'idée de toujours rester le plus honnête et viscéral possible sur les pages… Je pense y parvenir, alors je veux volontiers me revendiquer comme un de ces élèves, sans pour autant entrer dans le cliché du "dégueulasse" un peu forcé… Sans oublier le formidable poète qu'il était.
Alors à la tienne Hank, et merci !
PS: J'avoue être un eu jaloux de ce blog. J'avais dans l'idée d'en faire un un peu semblable, avec quelques textes de moi aussi dedans. On a pas mal de références similaire (Cioran, Céline, Valéry, Fante….) alors j'avoue que ça fait crisser ! J'ai eu l'impression de m'abonner à moi même, c'est un peu bizarre. Mais comme je ne suis pas un copieur, et que j'ai eu le malheur de tomber sur celui-là, je vais trouver autre chose… Bonne continuation en tout cas, et à la prochaine!
Salut
Votre commentaire est intéressant. C'est un problème que cette influence trop marquée dans les écrits contemporains. Avec le recul, et en contradiction avec ce que j'ai pu écrire il y a une dizaine d'années dans cet article, j'ai déjà tendance à déplorer une part de posture dans les écrits de Bukowski (beaucoup plus dans ses premiers textes que dans les dernières années de sa vie), quand il parle de chevaux, de bagarres notamment, quand il roule les mécaniques, en résumé. Mais connaissant un peu sa vie, et considérant la culture dans laquelle il a baigné, et surtout ayant conscience de la finesse de certains de ses jugements, je peux le supporter. La chose devient nettement moins tolérable quand tout n'est plus que posture et mimétisme tournant au trouble de la personnalité, chez les écrivains qui le singent sans avoir eu son vécu, et sans offrir une quelconque finesse de propos en compensation.
SupprimerAprès avoir longtemps ressenti les choses comme vous, et rejeté les écrits aux formes plus académiques, j'ai fini par préférer lire des auteurs d'apparence beaucoup plus cul-pincé, mais dont les propos sont infiniment plus vifs, malgré les formes qu'ils y mettent. Ce qui n'enlève rien à la pertinence de Bukowski, mais dont je ressors tout de même plus facilement "Le capitaine" que les "Contes".
J'avoue avoir eu la même démarche. Et moi aussi il me gonfle avec ses course de chevaux! Mais c'est marrant, en ce moment je m'attaque à du Spinoza après avoir fini "Shakespeare n'a jamais fait ça" de Hank (sympa mais plus une démarche commerciale qu'autre chose de la part de l'éditeur). Mais, de façon générale, même si je relis beaucoup l'histoire de Cass, c'est les poèmes que je préfère dans son oeuvre.
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